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Exposé
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il faudra payer deux ou trois cents dollars, tandis que pour avoir un autre employé, ça ne coûte rien. Une machine, ça vaut quelque chose ; même quand elle ne travaille pas, on en prend soin, on la graisse, on la recouvre, on empêche qu’elle rouille, on lui donne la température qu’il lui faut, car pour avoir une autre machine il faut payer, tandis que pour avoir un autre employé, il ne faut rien verser. On ne se soucie pas que l’être humain, dans le chômage, se rouille, s’anémie, perde ses forces, se démoralise, mais on se soucie au plus haut point de la machine, qui ne doit rien perdre de sa valeur productive. Et c’est ça que nous appelons le “siècle du progrès”, la “civilisation du vingtième siècle”, “l’avancement de l’humanité”. |
you’ll have to pay two or three hundred dollars, whereas to get another employee, it costs nothing. A machine is worth something; even when it’s not working, you take care of it, grease it, cover it, prevent it from rusting, give it the temperature it needs, because to get another machine you have to pay, whereas to get another employee, you don’t have to pay anything. We don’t care if the unemployed human being rusts, becomes anaemic, loses his strength, becomes demoralized, but we do care about the machine, which mustn’t lose any of its productive value. And this is what we call the “century of progress”, the “civilization of the twentieth century”, the “advancement of humanity”. |
Oui, il y a eu progrès, mais seule la matière a fait des progrès. Les découvertes et les inventions ont extrêmement amélioré les moyens de transport et de communication ; radio, téléphone, câbles sous-marins, automobiles, aéroplanes, ont éliminé les distances. La matière première, transformée par la chimie et la mécanique, s’est multipliée en conforts innombrables, en facilités incroyables. La matière a fait des progrès, mais l’homme en a-t-il fait ? Non. La civilisation nouvelle, au lieu de satisfaire aux besoins humains et de réduire le nombre des nécessités, a multiplié les besoins et accru les nécessités, sans les assouvir, répandant ainsi dans le coeur des masses la dissatisfaction, l’envie, la jalousie et la rancoeur à un point que ces défauts, autrefois individuels et cachés, sont devenus des conditions collectives et publiquement proclamées. Non seulement le progrès matériel a empêché le progrès humain, mais il a fait rétrograder l’humanité de plusieurs millénaires en arrière, se servant de ses innombrables moyens nouveaux de propagande : radio, cinéma, musique en conserve, modes, publications de toutes sortes, pour réengager l’être humain dans la complaisance des instincts les plus grossiers, des sentiments les plus cruels, des impulsions les plus brutales. En même temps que la matière a pris d’ascendant sur le spirituel, la bête a pris l’ascendant sur l’esprit. |
Yes, progress has been made, but only in matter. Discoveries and inventions have considerably improved means of transport and communication: radio, the telephone, submarine cables, the automobile and the airplane have eliminated distances. Raw materials, transformed by chemistry and mechanics, have multiplied into countless comforts and incredible facilities. Matter has progressed, but has man progressed? No. The new civilization, instead of satisfying human needs and reducing the number of necessities, has multiplied needs and increased necessities, without satisfying them, thus spreading dissatisfaction, envy, jealousy and resentment in the hearts of the masses, to such an extent that these defects, once individual and hidden, have become collective and publicly proclaimed conditions. Not only has material progress prevented human progress, it has set humanity back millennia, using its innumerable new means of propaganda — radio, cinema, canned music, fashions, publications of all kinds — to re-engage human beings in the indulgence of the crudest instincts, the cruellest feelings, the most brutal impulses. Just as matter has overtaken the spiritual, so the beast has overtaken the spirit. |
Et quel est, au point de vue humain, le bilan de ce siècle de progrès ? Un coup d’oeil sur les événements des cent dernières années ne le démontre que trop. C’est une série ininterrompue de guerres, de révolutions, d’émeutes, de rébellions, de meurtres, de suicides, d’enlèvements, de crimes contre nature, de vols, de fraudes, etc., dont le total dépasse toutes les fantaisies de l’imagination. Pour connaître comment le “siècle du progrès” a apporté sur la terre le bonheur humain, on n’a qu’à faire le chiffre des bagnes, pénitenciers, prisons, hôpitaux d’aliénés, maisons de réforme, qui se sont multipliés dans des proportions incommensurables : on n’a qu’à comparer la somme des dépenses faites pour soulager les maux de l’humanité, avec |
And what has been the human toll of this century of progress? A glance at the events of the last hundred years shows only too clearly. It is an uninterrupted series of wars, revolutions, riots, rebellions, murders, suicides, kidnappings, crimes against nature, thefts, frauds, etc., the total of which surpasses all imaginable fantasies. To see how the “century of progress” has brought human happiness to the earth, we need only calculate the number of prisons, penitentiaries, jails, insane asylums and reformatories, which have multiplied in incommensurable proportions: we have only to compare the sum of the expenditures made to relieve the ills of humanity, with |
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